Fiche Pays – Sri Lanka

La République Démocratique Socialiste du Sri Lanka est un Etat insulaire d’Asie du Sud, dans l’océan indien. Sa superficie totale est de 65 610 km², ce qui représente environ la taille de l’Irlande. Le pays est divisé en neuf provinces, divisées elles-mêmes en 25 districts et est membre du Commonwealth. La capitale administrative est Sri Jayawardenapura Kotte et la capitale économique est Colombo. La population de près de 22 millions d’habitants (58ème pays en 2013) se divise en deux ethnies principales : les Cingalais (74%) et les Tamouls (20%), le reste étant dispersé entre différents groupes. Le bouddhisme constitue la religion officielle du Sri Lanka, pratiqué par 69.1% de la population (l’islam, l’hindouisme et le christianisme étant également représentés). Deux langues nationales sont reconnues, le cingalais et le tamoul, l’anglais est utilisé par le gouvernement, la constitution la désignant comme langue de communication. La monnaie nationale est la Roupie Sri-lankaise (1 roupie = 0.0060 € en janvier 2013), et le pays se place 97ème sur 187 pays (0.691) selon l’Indice de Développement Humain (IDH).   

Evaluation du risque politique :

Une stabilité relative mais réelle du gouvernement et des institutions :

Le Sri Lanka est une république démocratique avec un parlement unicaméral, dont le Président (M. Rajapaksa depuis le 19 novembre 2005, réélu le 26 janvier 2010) exerce les charges de chef de l’Etat et du gouvernement. Il est élu au suffrage populaire tous les six ans. Le Parti sri-lankais de la liberté (United People’s Freedom Alliance) majoritaire au parlement, et le Président concentrent les pouvoirs, avec une mainmise critiquée sur le pouvoir judiciaire. Aucune opposition crédible n’existe. Toutefois, celui-ci est très populaire, notamment en ayant mis fin au conflit avec les Tigres tamouls en 2009. Une guerre civile avait éclaté dans les années 1980 entre le gouvernement et ce mouvement sécessionniste du nord du pays. Cette situation a entrainé des violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, ainsi que de vastes déplacements de population. Des soupçons de corruption et de favoritisme sont régulièrement portés contre les autorités. Malgré ces différents problèmes soulevés, et notamment le caractère quasi-autocratique du pouvoir présidentiel, le contexte politique au Sri Lanka s’avère être stable.  

Des conditions socio-économiques favorables et positives en Asie du Sud :

En promouvant très tôt l’accès universel à l’éducation et à la santé, l’égalité entre les sexes et la mobilisation sociale, le Sri Lanka figure en première place dans le classement du développement humain par rapport aux Etats de sa région. Le taux d’alphabétisation atteint 92% et l’espérance de vie est élevée (72.5 ans). Le taux de chômage est faible (4%), bien qu’il soit beaucoup plus élevé dans le nord que dans le sud du pays et qu’il touche davantage les jeunes. Les travailleurs se répartissent de façon assez homogène entre l’agriculture (32.7% de l’emploi total), l’industrie (24.2%) et les services (40.4%).  Près de 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 25% est sous alimentée. Il existe une forte disparité entre le nord et le sud, avec des cas d’extrême misère et un faible accès à l’électricité nationale dans le nord du pays, correspondant aux régions du conflit qui s’est fini en 2009.

Une faible insécurité liée à la petite criminalité et l’existence d’un terrorisme ethnique négligeable :

Le mouvement sécessionniste des Tigres tamouls (LTTE) est considéré par de nombreux Etats comme une organisation terroriste. Le gouvernement a repris le contrôle de l’ensemble du territoire depuis 2009 et aucun acte de terrorisme n’a été perpétré depuis la fin du conflit. Le Nord du pays reste toutefois largement miné, et bien que ces zones soient en cours de déminage, il est conseillé d’y être prudent. Il faut noter une augmentation de la petite criminalité dans les zones touristiques, et une recrudescence des vols, agressions sexuelles et fraudes par carte de crédit. De nombreux cas d’esclavage sexuel sont ��galement évoqués, notamment vers les pays du Moyen Orient.

L’absence de conflits externes et de nombreux partenariats conclus avec les puissances régionales :

La politique externe du pays est conditionnée par l’évolution interne. L’Inde est le principal partenaire économique du pays, notamment du fait des répercussions sur son territoire des tensions entre Tamouls et Cingalais. New Delhi a toujours plaidé pour une résolution pacifique et politique du conflit. Un accord signé en 1987 entre ces deux Etats engage le gouvernement sri-lankais à décentraliser en faveur des provinces du Nord et du Sud. La Chine est le principal bailleur du Sri Lanka, étant très présente dans le secteur des infrastructures et pour le développement de plusieurs projets d’envergures (ports notamment). Le Japon apporte le quart de l’aide au développement reçu par le pays, et les Etats-Unis appuient le processus de réconciliation nationale et le développement économique, par une assistance humanitaire et une aide à la création d’entreprises. Aucun conflit ouvert n’existe entre le Sri Lanka et un autre pays, favorisé par son relatif isolement et son caractère insulaire. Le Sri Lanka est impliqué dans les organisations régionales.

Evaluation du risque économique :

PIB par habitant

2 365 dollars

Taux de croissance du PIB

8.3% (2011), 6.8% (prévision pour 2013)

Taux d’inflation annuel

6.7% (2011), 7.1% (prévision pour 2013)

Solde budgétaire (en % du PIB)

-6.9% (2011), -7.5 (prévision pour 2013)

Solde courant (en % du PIB)

-7.7% (2011), -3.9 (prévision pour 2013)

Dette externe (en % du PIB)

36% (prévision pour 2013)

Solde commercial

-9 606 millions de dollars

Stabilité du taux de change

Taux stable : 1 roupie = 0.0060 € janvier 2013

L’économie du Sri Lanka a connu une forte embellie après la fin du conflit avec les Tigres Tamouls. Elle a permis une relance des investissements et une croissance économique forte, notamment par une intervention du FMI pour la reconstruction du nord du pays. Le gouvernement a lancé un vaste programme de reconstruction, notamment par le développement de petites et moyennes entreprises et une relance de l’agriculture. Le gouvernement s’est donné comme priorité la réduction de la dette publique et l’amélioration de l’environnement des affaires pour attirer les investissements étrangers.  

Cette croissance a légèrement ralenti en 2012, notamment du fait des difficultés de ses principaux partenaires commerciaux (les Etats-Unis et l’Europe représentant 60% des exportations). Le secteur de l’agriculture pâtit de conditions climatiques défavorables (sécheresses) et d’investissements insuffisants.

Le secteur des services et du tourisme est en pleine expansion, favorisé par le développement des infrastructures et de l’immobilier, notamment hôtelier. L’économie du Sri Lanka reste très dépendante du secteur textile. Le gouvernement a proposé un programme de développement sur 10 ans, axée notamment sur les infrastructures publiques pour atteindre une croissance de 10% à l’horizon 2020.

Le solde commercial fortement déficitaire et la dette publique très élevée constituent le frein majeur de l’économie sri-lankaise. Toutefois, le pays reste attractif pour les investissements étrangers, dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications. Le système bancaire est axé sur le marché et les services et la main-d’œuvre est qualifiée.  

La roupie sri-lankaise a été dépréciée en février 2012, entrainant une restriction de la demande interne et une réduction des importations, compensées par la hausse des recettes touristiques.

Evaluation des risques géographiques et environnementaux :

Risques climatiques et environnementaux :

Au niveau climatique et environnemental, le Sri Lanka connait deux moussons tropicales annuelles (de décembre à mars au Nord-Est, de juin à octobre au Sud-Ouest). Il connait un relief très varié, avec un centre montagneux (point culminant à 2 524 mètres), des plaines et une ceinture côtière. Le pays est soumis à trois types de catastrophes naturelles : les cyclones, les tornades tropicales et les tsunamis (notamment celui de 2004, qui a largement touché le pays). Les problèmes environnementaux rencontrés sont la déforestation, l’érosion, la pollution de l’eau et de l’air.

Risques sanitaires et épidémiques :

Au niveau sanitaire, le Sri Lanka connait plusieurs maladies tropicales (la fièvre typhoïde, la fièvre dengue, l’hépatite A et B, l’encéphalite japonaise et la malaria) et plusieurs cas de grippe A (H1N1) ont été diagnostiqués, avec quelques décès confirmés. Le nombre de cas de VIH/SIDA est relativement faible pour un Etat de cette région. L’eau courante est généralement polluée, mais l’eau commercialisée est sûre.

Evaluation du Hard Power :

Un pouvoir militaire limité mais actif dans le maintien de la paix :

Le pays est doté d’une armée de terre, d’une marine et d’une armée de l’air, composées de 157 900 hommes et 50 000 réservistes, avec un budget de 2.2 milliards de dollars par an. L’armée s’est déployée au cours de plusieurs missions de maintien de la paix, notamment en Afrique, et constitue le 23ème principal pays contributeur de troupes onusiennes. L’armée est commandée par le Président, et est omniprésente dans le pays, notamment dans les anciennes zones de guerre. La vision stratégique repose sur une approche défensive au niveau international et offensive au niveau interne, pour le maintien de la sécurité et de la paix, notamment dans les régions du nord.

Une coopération internationale pour les technologies et les innovations :

Ne disposant pas d’industries d’armements, la Chine équipe largement les forces sri-lankaises depuis 2005, et ils profitent des technologies militaires israéliennes.

Au niveau de l’énergie, un partenariat a été conclu entre le Sri Lanka et la Russie en 2013 pour développer le nucléaire civil dans le pays, touchant aussi bien le développement des infrastructures que la recherche théorique, la prospection de gisements d’uranium et l’utilisation des radio-isotopes dans l’industrie et l’agriculture. De nombreux centres de recherche et universités existent au Sri Lanka. 

Une forte implication dans les organisations internationales et régionales :

Le Sri Lanka est membre de l’ONU (1955) et du Commonwealth (1948), ainsi que d’organisations régionales (Association des pays de l’Asie du Sud pour la Coopération Régionale, Organisation de Coopération régionale de l’Océan Indien). Colombo a accueilli en novembre 2013 le sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth. Le Sri Lanka a été membre fondateur en 1997 d’une organisation regroupant l’Inde, la Birmanie, le Bangladesh, et la Thaïlande, qu’ont rejoint le Népal et le Bhoutan.

Evaluation du Soft Power :

Une culture de tradition religieuse, portée par le sport :

La culture sri-lankaise est fortement influencée par son héritage bouddhiste, aussi bien dans les arts que dans l’architecture. Cette composante religieuse intègre le pays dans son environnement géographique proche, notamment avec l’Inde. Il existe une production cinématographique, quoi que quelque peu marginale.

Le sport, surtout le cricket, constitue une part majeure de la reconnaissance du pays à l’international. La victoire de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde de Cricket de 1996 a entrainé un fort engouement.

Une diaspora riche, présente essentiellement au Moyen Orient :

La diaspora sri-lankaise dans le monde compte environ 3 millions de personnes, dont la majorité dans les pays du Moyen Orient (Arabie Saoudite, Emirats, Koweït) et une part importante au Royaume Unie, au Canada et en France. Ces diasporas effectuent de nombreux transferts d’argent vers le pays, favorisant la croissance économique du pays.

La présence de nombreuses ONG sur place, pour aider notamment à la reconstruction post-conflit :

La situation humanitaire préoccupante que connait le pays depuis le début de la guerre civile a conduit de nombreuses Organisations Non Gouvernementales internationales, et souvent françaises, à aller sur place, au secours des populations. Les besoins sont essentiellement au nord du pays, où le développement est bien moindre que dans le reste de l’île.

Conclusion :

Forces :

  • Stabilité politique et institutionnelle retrouvée.
  • Réputation favorable auprès des autres Etats.
  • Développement des services et du tourisme.
  • Investissements étrangers en hausse.

 

Faiblesses :

  • Dette publique très importante.
  • Faiblesse du secteur agricole.
  • Forte dépendance au secteur textile.
  •  Infrastructures encore insuffisantes.

Opportunités :

  • Relief varié et insularité dans une zone stratégique.
  •  Forte coopération avec l’Inde et la Chine.
  •   Intégration dans les organisations

         internationales et régionales.

Menaces :

  • Climat tropical et risques sanitaires.
  • Présence de mouvements sécessionnistes.
  • Augmentation de la petite criminalité.
  • Corruption relative mais présente.

Le Sri Lanka est un Etat à fort potentiel économique, favorisé notamment par la stabilité politique acquise avec la fin de la guerre civile en 2009. Le gouvernement a repris la main sur l’ensemble du pays et investit pour un essor global, avec l’aide des institutions internationales (FMI notamment). Les investisseurs étrangers sont présents, et la réduction du déficit publique serait un tremplin vers une accélération de la croissance. Fortement intégré dans les organisations internationales et régionales, le Sri Lanka jouit d’une image positive auprès des puissances étatiques. Avec une croissance économique positive, et en gardant une démographie mesurée et une population alphabétisée, le pays pourra s’immiscer davantage dans les échanges commerciaux internationaux, tout en favorisant le développement interne. Le niveau de développement humain et de gouvernance est supérieur à tous ses voisins d’Asie du Sud. Dépourvu d’un Hard power et d’un Soft Power influents, le Sri Lanka doit compter sur ses performances économiques pour exister sur la scène internationale.

Certains axes devraient être ciblés pour accélérer cette reprise économique, notamment dans le secteur des transports, des infrastructures et de l’agriculture. Le climat tropical et les risques sanitaires constituent des menaces à part entière (le tsunami de 2004 ayant ravagé une partie du pays) mais leur caractère exceptionnel n’impacte pas les prévisions positives de développement de l’Etat.

Nicolas de Vernon

 

Bibliographie et Sitographie :

Bibliographie :

MEYER Eric, Sri Lanka : entre particularismes et mondialisation, La Documentation française, Paris, 2001, 183 pages

Sitographie :

  •  Document de stratégie 2007/2013 de la Commission Européenne sur le Sri Lanka

http://eeas.europa.eu/sri_lanka/csp/07_13_fr.pdf

  • Site du Centre d’information économique et politique

http://www.edc.ca/FR/Country-Info/Documents/Sri-Lanka.pdf

  • Site de la CIA, The World Factbook, Sri Lanka :

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ce.html

  •  Site de la COFACE :

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Sri-Lanka

  •  Site du Ministère français des affaires étrangères, présentation du Sri Lanka :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/sri-lanka/presentation-de-sri-lanka/

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