L’eau est-elle l’enjeu stratégique du 21ème siècle ?

«Nous ignorons la valeur de l’eau tant que le puits n’est pas sec». Cette citation de T. Fuller date du 17ème siècle, pourtant elle ne pourrait être plus d’actualité qu’aujourd’hui. A première vue, la planète sur laquelle nous vivons est bleue puisque 75% de sa surface contient de l’eau. Dès lors, pourquoi l’eau serait-elle un problème alors qu’elle est présente partout autour de nous?

Il faut pour cela faire la différence entre l’eau douce, qui ne contient que des quantités minimales des sels dissous et l’eau salée qui compose les océans et les mers. Or l’eau douce disponible sur Terre ne représente que 2,5%, dont 0,7% seulement est accessible. L’eau douce est donc une ressource rare. Elle est également vitale.

Une ressource devient stratégique lorsqu’elle recoupe deux caractéristiques : indispensable et rare. L’eau regroupant parfaitement ces deux traits, elle est donc une ressource stratégique que l’on se doit de détenir pour vivre et survivre.

 L’eau, ressource stratégique ?

 Indispensable et rare, enjeux

L’eau est vitale, elle est le principal constituant des êtres vivants et l’élément indispensable à toute forme de vie. Sans eau, aucun organisme, qu’il soit végétal ou animal, simple ou complexe, petit ou gros, ne peut vivre.

Elle est également indispensable pour l’agriculture, qui représente aujourd’hui 70% des prélèvements d’eau dans le monde (contre 10% pour l’alimentation en eau potable). Avec l’intensification de la production agricole, l’usage de l’irrigation se répand et engendre des consommations d’eau croissantes. L’alimentation du bétail nécessite également un approvisionnement abondant en eau dans les régions d’élevage.

L’industrie représente quant à elle 20% de la consommation mondiale d’eau. Les industries de transformation étant les plus gourmandes. La qualité requise pour l’eau industrielle dépend de l’activité: les industries agroalimentaires ont besoin d’eau potable; les industries électronique, médicale et biotechnologique requièrent une eau très pure.

Comme nous l’avons vu dans l’introduction, seul 0,7% de l’eau douce est accessible. L’eau est donc une denrée rare. Elle est rare et inégalement répartie dans le temps, dans l’espace et entre les Hommes.

Au niveau temporel, son abondance varie considérablement selon les années, les saisons, les mois. Ainsi, pour un même pays il peut y avoir des précipitations trop abondantes à un moment donné au point de provoquer des catastrophes naturelles et faire défaut les mois suivants, alternant inondations et sécheresses. A plus petite échelle, on observe ce phénomène lors des différentes saisons, où il pleut plus en automne et en hiver qu’en été.

Au niveau spatial, sur le plan mondial on observe de fortes disparités. Le canada et l’Islande sont des pays très abondants en eau douce tandis que l’Arabie saoudite, le Yémen ou le Bangladesh sont proches de l’état de pénurie. Cependant, l’eau manque parfois même dans les zones où les précipitations et l’eau douce sont abondantes. La façon dont on la conserve, l’utilise et dont elle est distribuée au sein des communautés ainsi que sa qualité peuvent faire d’une ressource suffisante, une ressource qui ne répond pas aux besoins.

La densité humaine est également à prendre en compte dans la rareté de l’eau. Il s’avère que les zones arides ou semi arides sont souvent des zones de forte concentration humaine, de fait, la pénurie d’eau combin��e à une importante pression démographique génère des situations de crise potentielle.

L’eau douce est donc non seulement rare à l’échelle planétaire, mais aussi très inégalement répartie. Au vue de sa nécessité pour des usages divers mais essentiels, elle est donc un liquide à posséder d’autant qu’elle est soumise à un certain nombre de contraintes.

Menaces

Les ressources en eau vont diminuer de manière constante en raison de la croissance démographique, de la pollution, et du changement climatique. Ces trois éléments sont les plus grandes contraintes de l’eau au XX et XXI siècle. Elles toucheront toutes les populations du monde riche ou pauvre, et tous les pays développés ou en développement.

1. Augmentation continue des besoins

Les besoins en eau de l’homme à travers la planète sont considérables et variables. Ils sont principalement liés à trois domaines d’utilisation qui sont, par ordre d’importance, les secteurs agricoles, industriels et domestiques.

Entre 1950 et 2014, la population mondiale a presque triplé et dépasse les 7 milliards d’individus. Dans le même temps, la consommation d’eau a quadruplé. La quantité d’eau disponible par personne a donc mathématiquement diminué. En 2030, l’économie mondiale devrait avoir quasiment doublé et la population mondiale être passée à plus de 8 milliards de personnes. La rareté relative de l’eau devrait continuer à s’accentuer encore et atteindre un seuil critique à l’horizon 2040, du fait d’une croissance démographique importante, notamment dans les pays en développement et émergents (l’Inde en premier lieu).

L’augmentation de la population a aussi des conséquences à un niveau agrégé, puisque l’augmentation de la population emporte une augmentation de la demande d’eau et surtout en nécessité pour assurer la production agricole qui permettra de nourrir les populations. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production agricole devra augmenter de 50% pour nourrir tous les habitants de la planète.

L’industrie aussi puise une part considérable des réserves mondiales d’eau douce. Et ses exigences ne cessent de croître. Il est prévu qu’en 2025, les besoins en eau de l’industrie auront doublé. La plupart des industries florissantes sont d’avides consommatrices d’eau, par exemple il faut 400 000 litres d’eau pour fabriquer une voiture.

2. La dégradation de l’offre d’eau

Parallèlement à l’augmentation des besoins, un certain nombre de phénomènes viennent diminuer l’eau disponible : en quantité, c’est le cas des évolutions climatiques attendues, et en qualité, c’est le cas des pollutions et de la mauvaise utilisation de l’eau faite par l’homme.

L’activité anthropologique est à l’origine de changements climatiques à l’échelle du globe qui peuvent influencer fortement l’hydrologie. L’activité industrielle s’accompagne d’une augmentation du taux d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ces gaz empêchent le refroidissement de la Terre car ils reflètent une partie du rayonnement dû à la température de la surface de la Terre. Cette augmentation de la concentration de gaz à effet de serre est sûrement en grande partie responsable du réchauffement de la planète et des perturbations climatiques consécutives.

Comme conséquence à l’augmentation des températures, la demande en eau augmentera. Les zones humides souffriront des processus d’érosion et de désertification dus à des étés plus secs et plus chauds, à des sécheresses plus fréquentes et prolongées couplés à des pluies intenses. Les températures plus chaudes assècheront les sols et en augmenteront la salinité, ayant alors un impact sur la production agricole.

La moitié des fleuves et des lacs du monde est polluée, faute d’assainissement. L’UNESCO estime que 70% des effluents industriels dans les pays en développement sont déversés dans la nature sans traitement préalables. En Asie, tous les fleuves traversant des villes sont sinistrés. Seuls 5 des 55 fleuves d’Europe sont jugés intacts. Tous ces rejets polluants affectent l’environnement et la santé humaine, mais aussi la disponibilité de la ressource. Même là où l’eau n’est pas rare, il est fréquent que son usage soit rendu impossible tant la pollution est sévère.

Le secteur agricole est l’un des principaux utilisateurs de l’eau et contribue donc à la pollution des sols et des eaux, notamment via son usage d’engrais et de pesticides. Le risque est d’accroitre la concentration de la pollution dans les eaux et de la rendre de plus en plus impropre à la consommation mais aussi à l’irrigation, questionnant ainsi la qualité des aliments qu’elle permet de produire.

De plus, aujourd’hui, plus de 2,6 milliards de personnes ne bénéficient pas de système de collecte, d’évacuation et de traitement des eaux usées. La situation est d’autant plus grave qu’en dépit des efforts réalisés, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’assainissement s’accroît.

Dans les mégalopoles dépassées par leur démographie, l’inflation urbaine engendre des niveaux de pollution insoutenables. Le potentiel destructeur des eaux usées qui ne sont ni collectées ni traitées est énorme. Elles ne menacent pas uniquement les villes qui les engendrent, mais aussi les régions situées en aval vers lesquelles les fleuves les transportent.

L’eau, enjeu des relations internationales

Révélateur de puissance, source de conflits

Est considérée comme une puissance hydro-hégémonique un État qui possède « suffisamment de pouvoir au sein d’un bassin versant pour assurer la direction du contrôle des ressources en eau et agir ainsi comme un leader vis-à-vis des autres pays riverains du bassin » David Blanchon.
En clair, sont visés les États qui disposent d’une capacité à mobiliser la ressource en eau qui leur confère logiquement une position dominante.

Il y a une échelle des conflits relatifs aux enjeux géopolitiques de l’eau. Peter Gleick pointe comme motivations essentielles des raisons militaires, politiques, stratégiques, voire terroristes, et propose de scinder les conflits de l’eau en six catégories principales :

–     La volonté de contrôler les ressources en eau, qui constitue selon lui l’un des points de friction le plus fréquent tant pour les acteurs étatiques que non étatiques (milices, communautés civiles …).

–     La volonté de faire de l’eau une arme militaire, arme privilégiée par les acteurs étatiques le plus souvent, qui voient par leur mainmise sur cette ressource un moyen d’en priver leur ennemi et donc de l’affaiblir.

–     L’eau en tant qu’arme politique, utilisée aux vues de se garantir un avantage qui consacre leur prédominance stratégique et diplomatique. L’eau est aussi un instrument de maîtrise de l’intégrité territoriale et de contrôle social. La capacité à assurer à ses populations un accès à l’eau satisfaisant condition d’un développement économique en fait un instrument de contrôle politique et social.

–     Le terrorisme, qui se caractérise non par une mainmise sur une ressource, mais plutôt par une altération de l’état et de composants de l’eau, de façon à la rendre impropre à l’usage humain

–     L’eau en tant que cible militaire, par la dégradation des infrastructures relatives à l’eau afin d’empêcher leur ennemi de pouvoir en faire un plein et bénéfique usage.

–     Enfin l’eau en tant qu’objet de contentieux pour le développement, ce qui sous-entend le fait pour des acteurs étatiques d’entretenir leurs différends du fait de la conception que chacun d’entre eux du potentiel effectif qu’il pourrait effectivement retirer d’une source aquifère ou d’un bassin versant donné.

Partage des eaux et désaccords

Les eaux souterraines et superficielles ignorent les frontières, dès lors, la question du partage de ces eaux et des usages que l’on peut en faire se pose.

La problématique du partage de l’eau est cruciale, car s’il n’y a pas de partage ou que celui-ci est inégal, des tensions et des conflits pour l’accès à l’eau vont se créer. Or, plus la ressource est rare, plus l’enjeu est majeur, et la pénurie croissante d’eau ne fait qu’aggraver les tensions entre les populations. Lorsque l’on doit partager quelque chose, des rapports de force se créent car l’un des deux partis voudra prendre avantage sur l’autre. L’eau ne fait pas exception, au contraire. Le cas le plus fréquent et le plus évident est celui d’un rapport de force où l’eau peut servir comme moyen de pression : celui qui dispose de ressources hydriques est en mesure de les utiliser comme « monnaie d’échange », et pas seulement comme un simple usager.

On peut distinguer deux types de conflits hydrauliques : intra-étatiques et interétatiques. Les conflits intra-étatiques menacent la stabilité intérieure d’un pays mais ne sont pas les plus dangereux. En revanche, les conflits interétatiques peuvent déclencher des émeutes, des révoltes voir des crises graves entre les États.

Prenons l’exemple des fleuves, un fleuve n’est pas seulement une source d’eau douce, c’est aussi un potentiel économique (essentiel pour l’irrigation, le développement industriel, l’usage domestique) auquel s’ajoute le développement de l’énergie hydraulique.

Dans le cas des fleuves transfrontaliers, si le pays situé en amont du fleuve décide de construire des infrastructures (barrages, centrales hydroélectriques, etc.) pour stocker, canaliser, dériver l’eau ou produire de l’énergie ; le pays en aval risque de perdre une partie importante du débit du fleuve. Pire, il peut même voir une dégradation de la qualité de son eau (pollution dû aux activités humaines) ou encore des catastrophes écologiques.

Certains fleuves font l’objet de tensions à la fois inter et intra étatiques comme le Nil, le Tigre et L’Euphrate, et le Jourdain.

Étude de cas : le bassin du Jourdain

Le bassin du Jourdain est partagé entre quatre pays : Israël, Jordanie, Syrie et Liban, auxquels il faut ajouter les territoires palestiniens de Cisjordanie. Le Jourdain prend sa source dans le Mont Hermon, au Liban, il passe la frontière israélienne et arrive au lac Houleh. Il arrive ensuite au lac de Tibériade qui reçoit les eaux des multiples cours d’eau traversant les hauteurs du Golan. Puis le Jourdain rencontre la rivière Yarmouk et atteint la mer Morte.

Pour tous ces pays, le bassin du Jourdain et les ressources aquifères souterraines sont un enjeu vital car il constitue la principale source de ravitaillement en eau. Cette région du Moyen-Orient, surnommé le « triangle de la soif »,  étant situé dans une zone aride où les pluies sont rares et l’évaporation intense. La Libye, la Palestine, la Jordanie, et Israël sont en première ligne des pays les plus menacés de pénurie. La région a connu depuis 1999 des périodes de sécheresses particulièrement importantes, mettant en danger son développement économique et agricole dans un contexte de démographie toujours croissant. Alors que les ressources en eau ne suffisent pas à couvrir les besoins, l’enjeu stratégique de l’eau prend tout son sens ici.

Dès 1953, Israël commence l’aménagement du lac Houleh, au nord de Tibériade, entraînant des escarmouches avec la Syrie. En 1959, Israël entame le chantier de l’Aqueduc national (National Water Carrier) pour détourner les eaux du lac de Tibériade vers le reste de son territoire. Le chantier est dans un premier temps interrompu mais Israël parvient à le reprendre et le poursuivre. En janvier 1965, l’aqueduc est la cible d’un attentat dirigé par Yasser Arafat.
En réaction au projet israélien, le Liban, la Jordanie et la Syrie amorcent à partir de 1965 des travaux de détournement du Jourdain et de ses affluents (Hasbani, Wazzani, Yarmouk), privant ainsi Israël d’une partie de ses ressources. Entre 1965 et 1967, plusieurs opérations militaires israéliennes bombardent les chantiers Syrien de détournement du Hasbani et du Banias dans le Golan et les installations jordaniennes du canal du Ghor occidental. En 1967, lors de la guerre des « Six jours », Israël annexa la Cisjordanie, la partie arabe de Jérusalem, le plateau syrien du Golan, Gaza et le Sinaï jusqu’au canal de Suez.

Cette guerre s’inscrit dans le conflit israélo-palestinien, mais elle peut aussi être vue comme la première « guerre » moderne de l’eau. Avec ces annexions, Israël s’est rendu maître des principales sources du Jourdain, tout en contrôlant également le bassin du fleuve Litani libanais de 1975 à 2000, et les aquifères de Judée-Samarie. L’eau devient alors pour Israël l’instrument d’enjeux territoriaux et de souveraineté plus larges. De pays en aval, Israël passe à la position de pays en amont, basculant ainsi les rapports de force.

L’eau des Territoires occupés a été placée par le gouvernement israélien sous contrôle militaire et les résidents arabes se sont vu interdire de creuser de nouveaux puits. 82% à 90% de l’eau extraite de la Cisjordanie sert à la consommation des Israéliens ; les palestiniens ne bénéficient que de 18% de ce volume.

En dépit de ces situations conflictuelles, des tentatives d’accords ont été faites. Notamment en 1994, un traité de paix est signé entre Israël et la Jordanie instaurant une coopération multilatérale en particulier pour la répartition de l’eau provenant de sources communes. Lors de ce traité, l’idée de créer un canal (le « canal de la paix ») reliant la mer Rouge à la mer Morte est ravivée.

En 1995, l’accord d’Oslo II reconnaît le droit à l’eau des Palestiniens. Mais il n’établit pas de ratio précis et les négociations indispensables pour rééquilibrer le partage des eaux n’ont toujours pas abouti à ce jour.

Rien n’est réglé aujourd’hui puisque Israël continue d’avoir la mainmise sur une très large partie des ressources de la région. L’enjeu de l’eau n’est pas qu’un élément secondaire face à d’autres questions plus importantes. Il est au cœur d’une grande partie des conflits et est une des clés des rapports entre Israël et ses voisins. Les dirigeants politiques des pays de la région sont essentiellement confrontés à deux défis hydropolitiques : d’une part, remédier à la pénurie croissante et augmenter la quantité d’eau disponible ; d’autre part, établir un cadre acceptable d’exploitation des ressources revendiquées par plusieurs États, en se fondant sur le respect des besoins et des droits de chacun.

Dans cette optique, des avancées ont été faites, puisque Palestiniens, Jordaniens et Israéliens ont signé en décembre 2013 un accord pour la construction d’une canalisation reliant la mer Rouge à la mer Morte et une usine de dessalement de l’eau. Cet accord permettra de freiner l’assèchement de la mer Morte tout en fournissant de l’eau douce à cette région en pénurie chronique. 

Cette étude de cas nous montre à quel point l’eau est un facteur de puissance, qui permet d’assurer l’indépendance de son pays tout en exerçant un moyen de pression sur les pays limitrophes. Elle est donc un enjeu stratégique à la fois national et international.

Étude de cas : la vallée du Nil

Le Nil, avec un cours de 6 695 kilomètres, est le fleuve le plus long du monde après l’Amazone.

Il est formé par la confluence, à Khartoum (capitale du Soudan), du Nil Bleu et du Nil Blanc.

–     Le Nil Blanc prend sa source dans le lac Victoria, un immense réservoir d’eau douce de 69 485 kilomètres carrés.

–     Mais c’est le Nil Bleu, prenant sa source dans le lac de Tana en Éthiopie, qui, avec les autres cours d’eau éthiopiens, contribue le plus, et de loin, au débit du Nil : 84 % en moyenne et pas moins de 95 % lors de la saison des crues. Toute cette eau est partagée entre dix pays, principalement l’Égypte, le Soudan, l’Éthiopie, l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya, mais aussi l’Érythrée, le Rwanda, le Burundi et le Congo-Kinshasa.

Mais le Nil est source autant d’oppositions que de projets de développement.

En fait la question se pose différemment selon qu’il s’agisse du Nil blanc ou du Nil bleu.

–     Du côté du Nil blanc, l’intérêt porte surtout sur la production d’énergie. En effet, l’agriculture de ces pays pluvieux est peu dépendante du Nil.

–     Il en est autrement pour le Nil Bleu qui prend sa source en Éthiopie, traverse le Soudan et finit en Égypte. 80 % de l’eau qui coule au Caire provient du Nil Bleu.

Jusqu’au début du 20ème siècle, l’Égypte n’avait jamais rencontré des problèmes réels. La densité démographique des autres pays du bassin était faible et leur demande en eau du Nil insignifiante.

Mais les choses évoluent. Les pays riverains du Sud, Éthiopie et Kenya en tête, réclament un nouveau partage des eaux du Nil, rejetant l’accord de partage entre l’Égypte et le Soudan signé en 1959 qui alloue respectivement 55,5 milliards de mètres cube d’eau au premier et 18 milliards au second, soit près de 90 % du volume annuel du fleuve.

Ce problème empoisonne depuis une quarantaine d’années les relations entre Addis-Abeba (capitale Éthiopie) et Le Caire (capitale Égypte) qui s’oppose à tout projet de construction de barrages sur les hauts plateaux éthiopiens. L’Éthiopie doit pourtant, elle aussi, faire face à un accroissement très important de sa population passant de 54 millions d’habitants en 1992 à 94 millions en 2010. Elle a pour projet de construire un énorme barrage, trois fois plus grand que le barrage d’Assouan en Égypte. Ce projet de barrage apparait nécessairement à l’Égypte comme une menace pour son approvisionnement en eau et pour le maintien de sa position hégémonique.

Entamées il y a dix ans, les négociations sont au point mort. En août dernier, les dix pays du bassin du Nil, réunis à Alexandrie, ne sont pas parvenus à un accord.

Un certain espoir est né avec l’Initiative du Bassin du Nil (IBN), pour la coopération hydraulique multilatérale. Il a établi une vision partagée, à défaut d’une vision commune et des programmes communs pour satisfaire les besoins en eau de tous les États riverains. Cependant, en raison des rapports de forces défavorables dans les domaines politiques, financiers et techniques, les États nilotiques sont dans l’incapacité d’exercer une influence quelconque sur le contenu de ce document.

L’eau est source de vie, mais elle est aussi le vecteur des épidémies. Ban-Ki Moon, secrétaire général de l’ONU, déclarait à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau en 2010 : « L’eau souillée fait plus de morts que toutes les formes de violence, y compris les guerres ». Ce constat, assurément terrifiant, ne peut pas et ne doit pas être une fatalité, tant l’eau est nécessaire à la planète, son développement et sa conservation.

Le défi de l’alimentation en eau pour l’ensemble de l’humanité est sans doute l’un des plus importants à relever pour le XXIème siècle. Davantage qu’à toute autre période de notre histoire, il nous faudra gérer et apprendre à mieux maîtriser les usages de l’eau, aussi bien en volume qu’en qualité.

C’est un éventail de solutions qu’il faut mettre en place : la plus grande erreur serait de concentrer les efforts sur un secteur en particulier. L’utilisation agricole de l’eau évolue avec l’usage domestique, qui lui-même est lié à l’usage industriel.

DELMAS Morgane, DUCRETTET Marion

 

Bibliographie

-Jean-Louis Chaussade (2012), Le XXIème siècle, le siècle de l’eau ?, Ed. Nouveaux Débats Publics

-Barah Mikaïl (2008), L’eau, source de menaces ?, Ed. Dalloz

-Janine & Samuel Assouline (2009), Géopolitique de l’eau – Nature et enjeux, 2ème édition – Vocatis

-Patrick Philipon (2008), La crise de l’eau ?, Ed. Perrin

-Claire Bordes (2014), Géopolitique de l’eau

-Assemblée Nationale (2010), Rapport d’information sur la géopolitique de l’eau

-http://www.onema.fr/IMG/pdf/16_Fiche_usage_de_l_eau_web.pdf

-http://www.youphil.com/fr/article/04992-guerres-eau-statu-quo-proche-orient-israel?ypcli=ano

-http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html

-http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-8_fr.html

-http://www.memoireonline.com/04/08/1056/m_l-eau-matiere-strategique-enjeu-de-securite-21-eme-siecle11.html

-http://www.lemonde.fr/

-http://ddc.arte.tv/cartes/33#7

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