Les îles à souveraineté spéciale du Danemark: le cas du Groenland

Les îles à souveraineté spéciale du Danemark

I. Présentation du Groenland

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1. Situation juridique actuel :
Le Groenland est à la fois un PTOM (Pays et territoire d’outre-mer des Etats membres de l’UE) et ancienne région danoise. Le Groenland est une nation mais pas un pays et fait partie du Royaume du Danemark.

2. Historique :
Les vikings sont des voyageurs partis en expédition qui maitrisent parfaitement la navigation. Ils s’y installent à la fin du Xè siècle. Ils voyagent pour le commerce mais aussi pour mener des guerres. Les expéditions sont le fruit d’alliance entre les royaumes Scandinaves, Suède, Norvège et Danemark. Avant le Groenland, les vikings sont passés par les îles anglo saxonnes, la France puis jusqu’à la Méditerranée. En 1281, le Groenland passe sous la tutelle du royaume de Norvège puis sous la tutelle du Danemark au XVIIIè siècle et en devient une colonie. Dès 1857 les groenlandais sont impliqués dans le processus de décision des danois avec l’élection de représentants démocratiques.

3. Enjeu stratégique durant la Seconde Guerre Mondiale
En 1940 le Danemark se trouve coupé du Groenland à cause de l’occupation allemande. Le Groenland va donc jouer un rôle de base pour les Etats-Unis. La base militaire de Thulé, toujours administré par l’US Air Force, au nord ouest, permet de stocker du matériel et de conserver un bouclier anti-missile. La défense, priorités absolue des USA va continuer durant la guerre froide en passant des accords de ligne de défense. C’est un premier choc culturel car les américains amènent un mode de vie et des technologies inattendus.

4. Transition vers l’indépendance

En 1953, le Groenland devient un comté et est sur un pied d’égalité avec les comtés danois. Un ministère du Groenland est mis en place ainsi que deux députés groenlandais qui siège au parlement danois. Un haut-commissaire danois est nommé au Groenland. Toujours dans un processus d’intégration, le Groenland fait du danois la langue officiel. La mise en place du comité du Groenland dans les années 60 apporte un essor important pour le Groenland avec la construction d’hôpitaux d’école et d’usine. Le Groenland devient donc un vecteur d’emploi pour les danois, de 1963 à 68 la population double. En 1979, la loi sur l’autonomie du Groenland (hjemmestyre) transfère aux autorités autonomes du territoire presque toutes les responsabilités jusqu’alors exercées par les autorités danoises. Le Groenland intègre la Communauté économique européenne (CEE) lors du premier élargissement en 1973, en tant que comté d’outre-mer du Royaume du Danemark.

Trois ans plus tard, un référendum consultatif sur le retrait de la Communauté économique européenne est organisé le 23 février 1982. Avec un taux de participation de 75 % et une majorité de 52 %, le camp du retrait l’emporte.

5. Intégration régionale :

– Régionalisation : augmentation des échanges entre des unités territoriales situées dans la même parie du monde. Généré par flux visibles, humains, ou invisibles, communication finance.
– Régionalisme : Volonté de reconnaitre une personnalité culturelle, économique ou politique à un territoire donc la souveraineté n’est pas remise en cause.
L’intégration régionale groenlandais est un processus dynamique, en perpétuel mouvement qui s’appuie sur l’identité de la population, indépendamment de sa localisation arctique. Cela s’apparent à la fois à un processus de régionalisation et de régionalisme.

6. Territoire et population :
Le Groenland est géographiquement situé en Amérique du nord. Sa superficie est de 2 175 600 km2 dont environ 85 % recouvert de glace. Il y 56700 habitant donc 50 000 natifs. La capitale est Nuuk, les autres grandes villes Ilulissat, sisimiut, Qaqortoq. 90% de la population habite en zone urbaine. Le Nord-Est est une réserve naturelle : Northeast Greenland National Park

7. Nation groenlandaise :
Le peuple est d’origine asiatique, c’est un peuple Inuit, anciennement qualifié d’Esquimaux. Leur héritage asiatique comprend leur propre langue, traditions et donc culture. Ils vivent de la chasse de la pêche et de l’élevage de rennes. Le Groenland a son propre drapeau, qui conserve les mêmes couleurs que le drapeau danois

 

 

II. Intérêt maritime

L’intérêt maritime du Groenland se situe dans sa position centrale dans l’océan Arctique. L’enjeu est d’autant plus fort car le droit de la mer est très complexe.

 

1. Ocean Arctique

L’océan arctique est bordé de terre, il recouvre le pole nord. L’océan borde les cotes de cinq états, Canada, USA, Norvège, Russie, et Danemark.

 

2. Conseil Arctique

Le conseil de l’arctique vise a relever les défis proposé par l’arctique et a trouver des solutions aux problèmes au fur et à mesure qu’ils apparaissent.

 

3. Le droit maritime

Jusqu’en 1958 les mers et océans n’appartiennent à personne. En 1958 la convention de Genève codifie un nouveau droit international de la mer. La souveraineté de l’Etat peut s’étendre jusqu’à 12 milles marins, comprenant eaux de surface, fonds, sous sols et espace aérien. L’état est souverain sur cette zone et est autorisé à prévenir une infraction aux règles de droits fédéral en matière de douanes, de fiscalité, d’immigration ou d’hygiène publique. Et peut arrêter fouiller et saisir.
En 1982, la convention de Montego Bay en Jamaique introduit les ZEE qui s’étendent jusqu’à 200 miles marins et donne la priorité aux états côtiers pour l’exploitation des ressources. Création d’un tribunal international du droit de la mer. Du coté de l’arctique, seul les USA n’ont pas signé le traité.

4. La stratégie arctique du royaume du Danemark

Le Danemark veut développer la région arctique. Sur l’initiative du Danemark, les cinq pays frontaliers de l’arctique ont signé la déclaration Ilulissat en mai 2008. Les gouvernements reconnaissent l’océan arctique comme étant en mutation, via les changements climatiques, ses impacts sur les populations et l’environnement ainsi que son potentiel en ressources naturelles. Les objectifs sont donc de contribuer à son essor grâce à la protection durable de l’environnement au tourisme et à la recherche scientifique. Ces objectifs doivent s’accomplir dans un esprit de coopération, le royaume du Danemark vise à gérer une zone de coopération en prévenant des conflits et en luttant contre la militarisation.
Le trafic maritime autour du Groenland va donc être de plus en plus important, cela est du aux forages en mer au tourisme mais surtout au fait que le Groenland pourrait devenir une zone d’interface commerciale majeur via le transport maritime
Cela se ressent par le nombre de visite grandissant de ministres et d’hommes politiques de plusieurs pays ( merkel, barroso, borloo) qui amorce une image de futur protagoniste.

La fonte des glaces libère des routes maritimes :Les routes concernées sont La route maritime du nord et le passage du nord-ouest permet de rejoindre l’Asie par le détroit de Bering.

Débat autour de la route Nord-Ouest :
Le Canada cherche a y exercer sa souveraineté tandis que l’UE propose la liberté de navigation. La fonte permet aussi un nouvel accès aux ressources naturelles gaz minéraux métaux, les enjeux pour les acteurs sont donc considérables.
Avantages : Zones qui ne connait pas de piraterie maritime et ne traverse pas de zone de conflits. Economies de temps ainsi que de coûts (pétrole, assurance, équipage)
Inconvénients : risque de glaces et d’icebergs dérivant nombreux, risques pour l’environnement importants, nécessité d’avoir des navires en coques renforcée

 

 

III- L’énergie, vecteur d’indépendance du Groenland

Changement du cadre politique du Groenland avec l’entrée en vigueur le 21 juin 2009 d’un renforcement de l’indépendance vis à vis du Danemark.
-Le Groenland peut notamment élire son propre parlement et un gouvernement. On se dirige donc directement faire une indépendance totale du Groenland dans les prochaines années.
-Vote le 7 décembre 2009 par le parlement de l’acte sur les ressources minérales qui place désormais le contrôle et l’usage de ces ressources sous l’autorité du gouvernement groenlandais.
-Le Groenland place désormais la mise en valeur de ces ressources naturelles au cœur de son programme de développement et d’autonomie économique et politique.

Le pétrole, le gaz et le secteur minier sont véritablement l’enjeu de l’indépendance du Groenland. Sur le plan géopolitique, la fonte des glaces a de nombreuses répercussions et remet l’Arctique au cœur des préoccupations des grandes puissances. En 2009, le Groenland a mis en place une nouvelle stratégie pour les réserves minérales qui a pour but d’attirer les prospecteurs. Les projets actuellement en phase d’exploitation sont à Nalunaq (or et argent), à Maarmorilik (plomb et zinc), à Fiskefjord (olivine).Actuellement, 58 % des entreprises qui ont une activité de prospection au Groenland sont originaires du Canada et d’Australie ; celles de l’UE représentent 15% venant essentiellement du Danemark, d’Allemagne et de Grande Bretagne.

Le 13 juin 2012, l’UE a signé une lettre d’intention avec le Groenland sur un accord de coopération sur les matières premières. Le Groenland est un enjeu pour de nombreuses puissances tant les enjeux stratégiques sont déterminants.L’activité minière très active mais encore largement sous évalué. Entre 2001 et 2014, on est passé de 6 à 22 licences de prospection et de 19 à 71 en licences d’exploration.
En 1985, la compagnie pétro gazière national danoise, Dong energy a fondé Nunaoil dans le but d’être partie prenante de toutes les licences accordées. La compagnie nationale du Groenland, Nunaoil est toujours partenaire des projets à hauteur de 12.5%. Elle s’investie aux cotés de grandes entreprises telles que Exxon mobil, Chevron et Husky.

Carte des exploitations minière et pétrolifère du Groenland

 

 

IV-Les activités minières au Groenland, nouveaux enjeux géopolitiques pour les grandes puissances mondiales?

Les terres rares au Groenland, nouveaux enjeux géopolitiques pour les grandes puissances mondiales?

 

1- Qu’est ce que les terres rares ?

Il s’agit d’un groupe de 17 minerais indispensables dans de nombreuses applications, telles que les nouvelles technologies de l’énergie (batteries rechargeables des véhicules et hybrides, générateur d’éolienne), application à la sécurité et la défense nationale (moteurs et matériaux de l’industrie aéronautique etc), applications civiles (téléviseurs à écran plats, téléphones portables, aimants).
Ainsi, ils ont un fort impact géostratégique.

Les terres rares sont appelées ainsi en raison de leur faible concentration dans les sous sol. De plus, leur extraction est coûteuse et très polluante.La demande mondiale est estimée à 120000 tonnes par an et la production globale est de 110 000 tonnes par an (2012).

Dans cette partie, nous allons voir quelle est la situation actuelle et quel impact aura l’ouverture des mines du Groenland.

A)    La fin du monopole chinois ?

La Chine est le premier producteur de terres rares avec 95% du marché mais ne détient que 48% des réserves de terres rares. En raison de ce monopole la Chine profite de la situation et en profite pour étendre son influence. L’ouverture des mines du Groenland pourrait donc réduire cette hégémonie. En effet, les réserves présentes au Groenland font parties des plus importantes de la planète.
Cependant, en matière de ressources minières, la loi G du 7 décembre 2012 permet dorénavant aux compagnies minières de verser à leur employés étrangers des salaires minimaux inférieurs à ce que permet le législation danoise. Ceci va encourager l’importation de main d’œuvre étrangère, notamment chinoise

 

B)    La lutte pour obtenir les ressources du Groenland

Le Groenland, avec l’ouverture de ses mines souhaite être indépendant. Mais, face à l’importance stratégique des réserves à extraire. Il lui sera difficile de résister aux puissances mondiales.
Tout d’abord, le Groenland est novice en matière de forage et d’extraction minière. Pour assurer la production, il devra donc la confier à des multinationales. Cette organisation à dominance britannique est soutenue en grande partie par des aciéristes chinois.
D’autres compagnies comme British Petroleum ou Exxon Mobil, se placent également dans la course à l’extraction. Ainsi, le Canada, les Etats-Unis ou encore l’Australie ont bien l’intention de prendre la mesure de cet enjeu géostratégique. Chacun tentant de mettre le petit état nordique sous sa coupe afin de réduire sa dépendance au géant chinois.

 

2- Terres rares, nouvel eldorado ?

Dans ce contexte, le G peut-il se passer pour la gestion de la manne des hydrocarbures et plus globalement et plus globalement des ressources naturelles et donc des terres rares, d’un appui administratif danois voire un appui sécuritaire de l’UE ?
Pour l’UE, il faut réduire la dépendance vis à vis de la Chine et développer de nouvelles techniques d’extraction, de mettre en place une filière de recyclage plus performante pour obtenir de la part du G l’accord d’exploiter ces gisements.
Il apparaît indispensable d’identifier les moyens de transformations adaptés et de sécuriser les sources, mettre en place de stratégies de contournement comme des regroupements industriels, des prises de participations.Cependant, l’union européenne s’interroge sur la compétitivité des terres rares recycle (cout de collectes, des Investissements) rapporté à leur importation en Chine.Le Groenland apparaît comme une autre alternative au quasi-monopole de la Chine en matière de terre rare.De plus, il existe un problème avec la teneur radioactive de certains éléments de terres rares car le G est une zone non nucléaire.

 

3- Vers une guerre économique entre L’UE et la chine ?

Le 13 juin 2012,il y a eu un accord pour l’exploitation des ressources minérales au groenland dont les terres rares. Estimation 3 à 9% de la demande globale annuelle de terre rare.Par cet accord, l’UE cherchait à s’assurer une certaine exclusivité, ce qui a été refusé par le gouvernement Groenlandais en janvier 2013 qui reste favorable à une diversification des Investissements dont fait partie la Chine.
La Chine développe une stratégie globale incluant les consommateurs de terres rares que sont l’UE et les EU afin de les contenir dans sa vision géostratégiques.La Chine veut garder sa position de leader sur le marché des terres rares et n’hésite pas à faire jouer la diplomatie pour garder ce monopole.

 

4- Vers une domination de la Chine au Groenland ?

La Chine considère le Groenland comme hautement géostratégique pour la science, la navigation maritime, les ressources naturelles et la géopolitique.L’Arctique et le Groenland représentent pour Pékin un enjeu géostratégique pour la sécurisation des approvisionnements énergétiques. La Chine cherche à s’établir en Arctique de manière durable pour protéger ses intérêts industriels, énergétiques et commerciaux, comme le projet de construire un port à vocation de hub qui naviguerait dans les eaux de la route maritime du Nord à Rajin en Corée du Nord.
Les échanges diplomatiques entre le Groenland et la Chine remontent à 2005. Les relations entre les deux pays se sont de plus en plus rapprochées. Le premier ministre du Groenland, ainsi que le ministre de l’industrie et des ressources naturelles ont rencontré en avril 2012 le ministre chinois en Charges des ressources naturelles.
De plus le 15 juin 2012, le président chinois Hu Jintao a rencontré la Reine du Danemark à propos notamment du G envisageant le cas échéant un duopole sino-danois sur les gisements du G en terres rares.

 

 

V-Les ressources gazière et pétrolière, Les enjeux géopolitiques du Groenland ?

Les réserves potentielles de pétrole, gaz naturel et gaz naturel liquéfié du G ont été estimés à environ 11% du total des réserves de la région arctique qui représente 13% des réserves mondial de pétrole et de 30% pour le gaz naturel.

Dans la région arctique la Russie possède plus de 50% des ressources.

 

1- Fin du monopole Russe sur le gaz et les hydrocarbures en Europe et en Asie ?

La Russie est de retour sur la scène internationale grâce aux ressources tirées du gaz et de pétrole et au contrôle de l’approvisionnement vers l’Europe et l’Asie. Cette position reste difficile à contourner, en dépit des initiatives des EU avec l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceylan et de l’UE avec l’oléoduc de Nabucco. En revanche la Chine à trouver des sources d’approvisionnement qui ne passent qui ne passent pas par la Russie (Kazakhstan, Turkménistan) mais qui n’échappent pas pour autant à l’influence russe.

Actuellement, le marché de l’énergie est en pleine mutation avec un accroissement de la demande et diminution importante des ressources qui agissent sur les prix avec des conséquences économiques et politiques entre les pays producteurs et les pays consommateurs.

Comment le Groenland va t-il pourvoir se positionner ?

Elle devrait prendre exemple sur les fonds souverains comme celui de la Norvège pour assurer un avenir durable pour le pays.

En arctique, la Russie mène une politique stratégique qui a été formalisée et signée par l’ex président Dimitri Medvedev, le 18 septembre 2008, Elle souligne l’importance de l’exploitation des ressources énergétiques et autres de la protection des intérêts russes dans la région de l’Arctique. Ceci a conduit, en parallèle avec des projets d’exploitation des ressources et de développement de l’infrastructure, à un accroissement des stations polaires de la présence polaires et de la présence militaire, maritime, aérienne en Arctique.

 

2-Vers un développement par les hydrocarbures ?

Le gouvernement du G, dans le cas d’une indépendance, mise sur l’ensemble de réussite économique et financière et sur le développement des hydrocarbures grâce au « Programme de développement et d’autonomie économique et politique »
Le tableau ci après met exergue les avantages et les inconvénients de cette approche, en ce qui concerne le pétrole :

Avantages : le pétrole un rêve Inconvénients : le pétrole un cauchemar
-Amélioration des finances-Redynamisation de l’indépendance face au Danemark-Emploi de main d’œuvres locales

-Participation d’entreprise locale

-Transferts de compétences dans l’extraction de ressources naturelles

 

 

-Menace pour la pêche traditionnelle-Favoriser l’imploration pour satisfaire la demande intérieure-Menace pour l’environnement

-Pollution sonore et visuelle, pollution environnementale

-Chute du prix du baril entraine une récession, puis une crise sociale voire politique

-Mauvaise redistribution de la rente voire irresponsabilité budgétaire

-Contre exemple : la Norvège

Alexandre Forest et Baptiste Caen

VI- Sources

-« Groenland, entre indépendance et récupération géostratégique ? », Viviane du Castel et Paulo Brito
-« La triangulaire diplomatique, Danemark-Groenland-Union Européenne », Victor Chauvet
-www.environnement.ens.fr
-www.tv5monde.com
-www.ma-zone-controlee.com
-www.lefigaro.fr

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