Le patrimoine

arborescence sur le patrimoine et ses caractéristiques

Le Patrimoine

Pour un individu, le patrimoine est le bien qu’il tient par héritage de ses ascendants. Plus largement c’est ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse. Comme exemple, le dictionnaire donne : « son patrimoine, c’est son intelligence ». Ce peut aussi être l’héritage commun d’un groupe et alors le dictionnaire donne l’exemple du patrimoine culturel d’un pays.

Une définition plus juridique donne aussi la description suivante : le patrimoine est l’ensemble des éléments aliénables et transmissibles qui sont la propriété, à un moment donné, d’une personne, d’une famille, d’une entreprise ou d’une collectivité publique.

On constate donc combien sont liées les notions de patrimoine et celles d’héritage ou de transmission. Du latin « patrimonium » le patrimoine est d’ailleurs étymologiquement l’héritage du père. En abordant ce thème, on peut se demander si le patrimoine est indissociable de l’identité culturelle ?

 

Qu’en est-il plus spécifiquement au niveau d’un pays. La notion de patrimoine a été inventée par la France et s’est très vite accompagnée d’une politique de protection du patrimoine. C’est l’abbé Grégoire qui déclare en 1794 pendant les débats des assemblées révolutionnaires : « Les barbares et les esclaves détestent les sciences et détruisent les monuments des arts, les hommes libres les aiment et les conservent. » L’abbé Grégoire veut ainsi protéger le patrimoine artistique de l’Ancien Régime afin d’en faire bénéficier le peuple.

C’est ainsi que le patrimoine prend une dimension nettement politique. Le patrimoine est, au sens économique, un bien public. La nation est une abstraction, et le patrimoine permet de la rendre tangible ; il permet d’utiliser l’émotion que suscite tel œuvre d’art ou tel monument au profit du projet politique qu’est la construction nationale.

Au début, parmi les biens nationaux seuls les livres et les objets d’art sont protégés ; des dépôts révolutionnaires sont créés dans chaque département. En 1830, le ministre de l’intérieur de Louis-Philippe crée le poste d’inspecteur des monuments historiques, poste devenu prestigieux grâce à l’écrivain archéologue Prosper Mérimée qui confia à l’architecte  Viollet-le-Duc la restauration de la basilique de Vézelay, Notre Dame de Paris et la cité de Carcassonne.

 

Petit à petit la notion de patrimoine s’est étendu, de national il est devenu international et mondial. La notion de patrimoine étroitement liée à la culture s’est progressivement élargie et on est passé des notions de patrimoine naturel et culturel à celles de patrimoine matériel et immatériel.

En 1921 Henri Bergson participait à la Commission internationale de la coopération intellectuelle, prémisse de l’UNESCO : sorte d’ONU pour l’éducation, les sciences et la culture. Il s’agissait de renforcer la  collaboration entre scientifiques, universitaires, artistes et intellectuels. L’UNESCO, telles que nous la connaissons aujourd’hui est créé en 1945 et a son siège à Paris.

L’expression patrimoine culturel désignait au début un patrimoine matériel : sites, monuments historiques, œuvres d’art. C’est en 1972 que l’UNESCO a commencé à établir une liste du patrimoine mondial de l’humanité. On pourrait dire que l’ancêtre de cette liste est celle des sept merveilles du monde antique, liste dont la genèse est méconnue : la pyramide de Khéops, les jardins suspendus de Babylone, la statue de Zeus à Olympie, le temple d’Artémis à Ephèse, le mausolée d’Halicarnasse, le colosse de Rhodes et le phare d’Alexandrie. De ces sept merveilles, seule la pyramide de Khéops existe encore.

Aujourd’hui il existe 1007 biens répertoriés, 779 culturels, 197 naturels et 31 mixtes (culturels et naturels). Alors que l’Europe était surreprésentée, ces biens sont répertoriés suivant 5 zones géographiques : Afrique subsaharienne, Etats arabes (Afrique du Nord et Moyen Orient), Asie et Pacifique (Australie et Océanie), Europe et Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et Amérique Latine (Mexique et Caraïbes). Pour être sur cette liste, il faut satisfaire à au moins un des dix critères de sélection, critères eux-mêmes révisés régulièrement.

Néanmoins la destruction par les talibans des bouddhas de Bamiyan au centre de l’Afghanistan en 2001 a montré qu’être sur cette liste ne préservait pas de la destruction.

La langue d’un pays fait naturellement partie de son patrimoine et davantage encore puisqu’elle permet à ce patrimoine d’être diffusé et partagé.

Le français, réputée pour sa clarté et sa précision a longtemps été la langue des diplomates, celle dans laquelle étaient rédigés les traités. Personne ne peut mettre en doute le fait que le français fait partie de notre héritage patrimonial mais c’est une question complexe qui a des conséquences multiples. En effet la constitution dans son article 2 nous dit que « le français est la langue de la République » et en même temps l’article 75 déclare : « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Nous sommes déchirés entre la défense du français face à l’anglais, véhicule d’une culture « mainstream »  et la renaissance des langues régionales. Il n’y a pas si longtemps les « hussards noirs » de la troisième république interdisaient le patois à l’école alors qu’aujourd’hui on se bat pour y réintroduire le provençal ou le breton.

La France s’est toujours sentie devoir tenir un discours au monde ; d’abord « fille aînée de l’Eglise », éducatrice des peuples d’après les mots du pape Jean Paul II à l’UNESCO, puis patrie des « droits de l’homme » avec la Révolution de 1789, la France a toujours pensé avoir une destinée universelle.

« Cependant l’instrument le plus visible de la diplomatie culturelle s’appelle la francophonie. A l’issue de la décolonisation, lorsque les Britanniques inventent le Commonwealth, les Français inventent la francophonie. A ceux-là un « marché », à ceux-ci une « culture » (Géopolitique de la France, entre déclin et renaissance de Olivier Kempf aux éditions Technip). La francophonie se rend visible à travers les comités Alliances françaises dans 135 pays,  les 400 lycées français dans 133 pays, la radio française internationale et la télévision française…

La notion de francophonie a souvent été vue comme un vestige néocolonial jusqu’à l’apparition de la notion d’exception culturelle, notion apparue au moment des négociations du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) quand s’est posée la question : « Faut-il accepter le libre échange des biens culturels ? ». Si oui, on courait le risque d’une uniformisation sous couvert d’universalisation et de disparition des identités culturelles. Ce sont les français qui proposèrent la réponse de l’exception culturelle qui défendait toutes les cultures. Ainsi la francophonie n’apparaissait plus comme une frileuse réaction chauvine mais bien comme le lieu de résistance à une globalisation culturelle.

Aujourd’hui la francophonie n’existe pratiquement plus face au globish mondialisé et l’anglais n’est plus une langue étrangère mais une langue que chacun doit impérativement parler. La question n’est plus celle de la langue mais de ce qu’elle véhicule et il n’y a plus guère que les mathématiques où des revues en français qui ont une portée internationale.

 

Il parait évident que le patrimoine est ce qui forme et entretient une culture spécifique, remarquable, caractéristique d’une diversité. La France est et reste une terre de culture et de grande culture mais son influence n’est plus prédominante et il est difficile pour elle de perdre sa prétention à l’universalité. Néanmoins sa faculté d’adaptation et ses ressources peuvent encore réserver des surprises.


Hugues GINDRE

Master 1 – Marketing et Vente

Annexes :

Sources :

–          Géopolitique de la France, entre déclin et renaissance d’Olivier Kempf

–          http://whc.unesco.org/

–          http://gestion-de-patrimoine.comprendrechoisir.com/

–          http://fr.wikipedia.org/

–          Généalogie familiale

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*