Aristide Briand

Que reste il d’ Aristide Briand ? des places, des rues, des collèges … il a laissé bien plus derrière lui. Aristide Briand avait une arme dont il savait usé : son charme. C’est ce qui a sans doute attiré Jules Verne en 1878 alors qu’Aristide était encore lycéen. Jules Verne, séduit, s’est alors placé en  père spirituel pour Aristide. Et ces deux éléments ont fortement pesé sur la vie politique qu’il a mené.

Né le 28 mars 1862 à Nantes, ce fils de cabaretier a connu une jeunesse pauvre et c’est grâce à une bourse qu’il a pu poursuivre des études qui l’ont conduit au baccalauréat puis à la licence en droit. Élevé à Saint-Nazaire où ses parents se sont installés, il devient rapidement militant socialiste. Attiré très tôt par la politique, Briand est battu aux élections législatives de 1889, de 1893 et 1898. Il rejoint le Parti Socialiste Français, où Jaurès le remarque, lui aussi, pour ses dons oratoires. Sa carrière politique débutera en 1902 lorsqu’il sera enfin élu député. Depuis, il multiplie les postes politiques (vingt fois ministre et onze fois président du Conseil).

 

Durant cette vie de politicien il a mené de grands projets, il a notamment été rapporteur de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1901. Cependant, nous aborderons exclusivement dans ce travail sa recherche de la paix dans la construction d’une union européenne

 

I-                   Le pacifique

Président du Conseil en 1921, Briand se montre sévère envers l’Allemagne en refusant toute concession importante sur les réparations de la Guerre. Cependant, à partir de 1924, devenu ministre des Affaires étrangères du « cartel des gauches », Briand va changer de politique et tente ainsi un apaisement des tensions avec l’Allemagne en voulant le réintegrer dans les discussions européennes(à condition qu’elle reconnaisse les acquis du traité de Versailles). Cette décision montre qu’Aristide Briand a pris en compte la faiblesse de la France  tant d un point de vue matérielle que financière ou même militaire. Il veut croire que la sécurité des Français réside dans une sécurité collective mise en œuvre au sein de la Société Des Nations.

Pour répondre à cette volonté, la conférence de Locarno réunit les représentants des principaux membres notamment l’allemand Gustav Stresemann, le belge Emile Vandervelde, l’italien Benito Mussolini, ainsi que la France. Ils sont ratifiés le 1er décembre 1925. les accords de Locarno signés le 16 octobre 1925 à Locarno sont le résultat de cette conférence. Ils visent à assurer la sécurité collective en Europe en renonçant à faire usage de la force pour satisfaire leurs revendications et reconnaissent les frontières internationales (surtout celles de l’Allemagne).

En septembre 1926 Aristide Briand prononce alors un discours devenu célèbre pour l’admission de l’Allemagne à la Société Des Nations : « Plus de guerre, plus de solutions brutales et sanglantes à nos différents ! … Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l’arbitrage, à la paix ! » . Il réaffirme alors avec ce discours son pacifisme. A cette occasion Aristide sera moqué et surnommé le « Pèlerin de la paix ». La droite nationaliste lui reproche notamment son manque de réalisme et son aveuglement face aux manœuvres des allemands.

Suite à cette adhésion s’ensuit alors une période d’optimisme dans les relations franco allemandes qui sera alors marquée par l’attribution du prix Nobel de la paix  à Aristide Briand et Gustav Stresemann en 1927.

En 1928 Aristide Briand et l’ americain Franck Kellog unissent leurs efforts pour mettre à tout jamais la guerre hors-la-loi c’est alors que le 27 août le pacte Briand-Kellogg sera signé par 15 puissances (dont le Royaume-uni, l’Allemagne, l’Italie et le Japon) et entre en vigueur le 24 juillet 1929. Ce pacte « condamne le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu’ instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles ». Cependant, ce pacte a une faille : il ne prévoit pas de sanction en cas de guerre.

II-            L’européen

Le 5 septembre 1929 Aristide propose devant l’assemblée générale de la SDN de créer « une sorte de lien fédéral » entre les peuples européens dans le cadre du désarmement douanier. Le 9 septembre, cette suggestion reçoit le soutien appuyé du chancelier allemand Gustav Stresemann lors d’un nouveau discours portant sur cette même question du désarmement douanier.

Un discours dans lequel le chancelier allemand réclamait – lui aussi – la mise en place d’institutions politiques européennes à même de mettre fin à ce “morcellement douanier”. Les représentants des gouvernements européens membres de la SDN (les représentants de 27 États, dont la Suisse) se réunirent ce même jour et confièrent au gouvernement français le soin d’élaborer un mémorandum sur le sujet.

 

Le mémorandum portant “sur l’organisation d’un régime d’Union fédérale européenne” est rendu public le 1er mai 1930. Il précise l’organisation, le fonctionnement et les missions de cette future « Union européenne », ainsi que son futur siège officiel (Genève, en Suisse) ou sur la nature des relations que cette future « Union européenne » entretiendraient avec la « Société des Nations ».

Cette « Union européenne » serait une “entente régionale” réservée aux États européens membres de la SDN. Très précisément, en guise d’Union européenne, il s’agirait donc là d’une association d’États exerçant son activité en coordination et dans laquelle elle resterait étroitement subordonnée à la Société Des Nations.

D’après ses concepteurs, cette “fédération” serait fondée sur l’idée non pas d’unité mais sur l’idée d’union : “Assez souple pour respecter l’indépendance et la souveraineté nationale de chacun des États, tout en leur assurant à tous le bénéfice de la solidarité collective pour le règlement des questions politiques intéressant le sort de la communauté ou de l’un de ses membres”.

À la tête de cette « Union européenne », on trouverait

–        un « organe représentatif directeur » composé des représentants de tous les gouvernements européens : la « Conférence européenne » dont la présidence serait assurée annuellement et par roulement entre États membres

–       un organe exécutif et “instrument d’action”, le « Comité politique permanent » ainsi qu’un « Secrétariat permanent » : tous deux chargés d’assurer le fonctionnement administratif pratique de cette « Union européenne ».

Plus concrètement, il s’agissait là de procéder à l’établissement d’un « Marché commun » pour obtenir et rendre possible “l’élévation au maximum du niveau de bien-être humain sur l’ensemble des territoires de l’union européenne”. Ceci devant se faire par “un rapprochement des économies européennes”, ainsi que par l’organisation de la production et des échanges européens, “par voie de libération progressive et de simplification de la circulation des marchandises, des capitaux et des personnes”.

En conclusion, les rédacteurs exprimaient le souhait que ce mémorandum permettrait d’ “instituer un embryon d’organisation fédérale, cadre d’une future coopération européenne durable”. Et après une publication de ce mémorandum le gouvernement français attendait pour le 15 juillet suivant des “réponses, observations ou suggestions spontanées” portant sur le contenu de ce document de travail. Une réunion des États européens (et futurs États membres) devait même être organisée pour délibérer sur les propositions contenues dans ce mémorandum. Elle n’eut jamais lieu. Le 23 septembre 1930, une commission d’études est néanmoins créée, dans le cadre institutionnel de la SDN ; Aristide Briand en sera élu président. Chargée d’étudier les modalités d’une éventuelle collaboration au sein de l’Europe, elle ne put cependant aboutir à aucun résultat.

En effet le mémorandum de Briand ne reçut pas le même accueil que son discours à la SDN.Le contexte n’est plus le même : en octobre 1929 Stresemann est mort et le krach boursier de Wall Street envenime la situation.

En septembre 1930 l’assemblée de la SDN décide de créer une modeste «Commission d’étude pour l’Union européenne» chargée d’analyser les modalités de la coopération européenne. La présidence en fut naturellement confiée à Aristide Briand. Cette commission s’est réunit 5 fois jusqu’en 1932 jusqu’au jour où Aristide, epuisé physiquement, décida de cesser cette réunion.

Conclusion :

Cette première tentative d’unification européenne, la France s’affirmait déjà comme le principal moteur de la construction européenne, un rôle qu’elle allait retrouver au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, près de 20 ans jour pour jour après le mémorandum Briand, le ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, ne faisait-il pas explicitement allusion, lors de sa célèbre déclaration du 9 mai 1950, à l’œuvre de son lointain prédécesseur, en déclarant : « En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d’une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix ».

Aline FROEHLY

Sources :

http://jmguieu.free.fr/galerie2/Briand_union-federale-europeenne.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Locarno

http://histoirerevisitee.over-blog.com/2013/10/aristide-briand-p%C3%A8re-de-l-europe-en-1926.html

http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2012/institutions-et-vie-politique/aristide-briand

http://www.taurillon.org/Aristide-Briand-et-le-projet-d-Union-federale-europeenne,02125

http://www.linternaute.com/biographie/aristide-briand/biographie/

http://www.herodote.net/9_decembre_1905-evenement-19051209.php

http://www.canalacademie.com/ida373-Aristide-Briand-entre-Eglises-et-Republique.html

http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2012/institutions-et-vie-politique/aristide-briand

 

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